
Pauline Meneust, Joueuse des Dahuts du Lac équipe féminine et Capitaine de l’Equipe de France.
Avant de se tourner vers le Floorball, elle pratiquait le rink hockey. C’est en 2011 lors d’un Erasmus au Pays-Bas qu’elle découvre le Floorball. Ayant l’envie de retrouver les sensations d’un sport de crosse, en rentrant en France et faisant ses études à Beauvais, elle débute alors dans le club d’Amiens. Pour son stage de fin d’études elle décide de choisir une ville en fonction de la proximité d’un club. Elle s’installe à Lyon où elle y jouera et fera du coaching, avant de prendre la direction de Grenoble quelques années plus tard.
Tu fais partie des "pionnières" du Floorball féminin en France, puisque tu as participé au tout premier championnat de France et tu n’as pas attendu très longtemps pour le remporter 2 ans après. Depuis des années ont passés, que penses-tu du développement du Floorball féminin en France ?
Au début quand j’ai commencé ça a grandi très vite, on est passé vite de trois à huit équipes. Mais là ça fait vraiment plusieurs années que ça stagne et qu’on a du mal à avoir un renouvellement. Il y a quelques clubs qui ont des jeunes joueuses qui ont permis de voir de nouvelles équipes émerger, mais globalement on est dans une période de stagnation pour le Floorball féminin, là où on voit qu’il y a de plus en plus de clubs chez les garçons.
Donc voilà il y a eu un très fort développement seulement les premières années.
Te souviens-tu de ta première sélection avec l’équipe de France ?
Oui mais à l’époque on appelait plus ça des rassemblements nationaux. Le but était juste d’essayer de rassembler toutes les joueuses qui ont joué au Floorball sur un ou deux week-ends dans l’année, donc il n’y avait même pas encore de but de faire une équipe de France, c’était juste regrouper toutes les joueuses dans un même endroit pour faire un peu l’inventaire des forces en présence et de faire aussi des stages avec des bons coachs pour essayer de faire progresser l’équipe qui était là à ce moment-là. Mais au début il y avait tellement peu de joueuses qu’on ne parlait pas vraiment de sélections.
Donc oui je me souviens bien de mon premier stage, c’était à Lyon. Dans les encadrants il y avait déjà Josselin Debraux, Vincent Grieu et dans l’effectif il y avait des joueuses débutante et confirmés, c’était vraiment hétérogène. Ces rassemblements ont débouchés sur les premières sélections.
Et qu’en est-il de ton Premier Capitanat ? Est-ce que c’était quelque chose d’important pour toi ?
Je suis capitaine depuis 2021 quand Josselin Debraux a pris en charge l’équipe.
Pour moi c’était vraiment un rôle que je n’aurais pas pris au début de ma carrière. C’est quelque chose qui a fait sens après plusieurs années de pratique. Je pense qu’au début j’avais beaucoup de mal dans ce rôle de leadership. J’ai mis longtemps à me sentir légitime et c’est vrai qu’avec l’expérience à terme après une saison ça m’a permis de trouver cette légitimité et de me dire que maintenant je peux apporter quelque chose.
C’est un rôle qui m’apporte énormément depuis que je fais ça, c’est vraiment hyper enrichissant et je donne autant que je reçois. C’est un honneur de porter le brassard.

Est-ce que ça t’a donné une certaine notoriété, les adversaires te regardais différemment sur le terrain, ou que ça ne changeait rien finalement ?
Pas trop, parce que je pense que j’ai toujours fait un peu parti du paysage. Les gens me connaissaient avant que je porte e brassard du fait que j’ai joué en équipes mixte pendant des années, donc je connaissais déjà les gars et les filles au niveau du Floorball et on va dire que ça ne changeait pas vraiment sauf peut-être chez les nouvelles joueuses, mais je ne sais pas trop.
Donc ce n’est pas vraiment le brassard qui a apporté quelque chose mais peut être plus moi. J’ai pris des responsabilités que je ne prenais pas avant. C’est ça qui a changé du coup, même au sein de mes équipes un peu, ça m’a donné plus de légitimité en fait.
Qu’est ce qui change dans l’approche d’un match en club ou avec la sélection ? Abordes-tu différemment l’événement, que ce soit dans la préparation ou la façon de jouer, avec plus ou moins de pression ?
Oui je pense que j’aborde ça complètement différemment. Je suis beaucoup moins focalisé sur mon rôle de joueuse en fait. Et c’est à ce niveau-là que je trouve qu’il faut avoir de l’expérience pour être capitaine.
C’est parce qu’en fait, il faut avoir précisément des automatismes et de la confiance en tant que joueuse pour ne pas avoir besoin de se préparer dans ce rôle, mais se préparer sur le rôle de capitaine. Effectivement quand je suis en compétition je me demande ce que je veux amener en fait. J’ai besoin de préparer un peu où est ce que je vais mettre mon énergie et je suis énormément dans le relationnel, j’ai besoin d’être là pour les joueuses.
Et du coup je trouve à la fois des temps de disponibilités pour le groupe, des temps de leadership et des temps de récupération pour moi, pour être aussi capable de récupérer entre les matchs que ce soit sportivement ou relationnellement.
Avant les matchs de qualifications en 2023, pensez-vous qu’il était possible d’aller jouer à Singapour en fin d’année ? Y a-t-il eu le déclic de se dire « allez, on peut se qualifier et on va le faire » ?
Non vraiment, je pense que c’est peut-être un peu dommage, moi je joue toujours les matchs en mode compétition donc je savais qu’il n’y aurait pas d’impact sur comment j’allais jouer, mais je pense que j’étais la dernière à y croire. Pour avoir joué énormément de compétions, je sais à quel point c’est difficile et du coup je ne voyais pas ce qu’i aurait pu être différent des autres fois et j’ai été aussi beaucoup déçue plusieurs fois dans ma carrière internationale où on a échoué assez près du but et on finissait toujours par perdre en fait. Du coup j’avais un petit peu cette croyance en moi que de toute façon au final ça ne le fait jamais quoi.
Là j’étais vraiment la première surprise et je sais que quand on s’est fait rejoindre contre l’Italie à quelques secondes de la fin alors qu’on menait 2-1 avant les vingt dernières secondes, je me dis bon voilà comme d’habitude on ne va pas y arriver.
Mais du coup quand on gagne 1-0 face à la Hongrie au coup de sifflet final, j’avais du mal à y croire et c’est ma plus grande joie dans le Floorball, de pouvoir profiter avec l’équipe c’était vraiment incroyable.
Ça devait être encore plus incroyable comme sensation de participer aux championnats du monde et de représenter la France sur la plus grande scène internationale ? Quels souvenirs en gardes-tu ?
Ouais c’était incroyable. Je peux même ajouter d’ailleurs que j’avais prévu d’arrêter le Floorball à la suite des qualifications en Italie et que du coup forcément quand on s’est qualifiés je me suis dit que je ne pouvais pas arrêter à ce moment. Donc j’ai continué mais c’était pas du tout le projet. Singapour c’était incroyable et je pense que c’est une expérience unique que l’on peut vivre dans une carrière de joueur. Il y avait vraiment tout qui était rassemblé pour passer de bons moments, le lieu bien sûr était incroyable, on a été reçus à l’ambassade.
Après au niveau des matchs toute l’équipe c’était vraiment hyper préparé et physiquement on était là. Je pense qu’on a donné le maximum de ce que l’équipe avait à donner à ce moment-là, et c’est pour ça qu’on a eu des résultats corrects. Que ce soit Le premier match contre Singapour et jusqu’au dernier match, ce sont des souvenirs que je n’oublierais jamais.
Ce sont vraiment des souvenirs incroyables et je me dis qu’aujourd’hui je peux arrêter le Floorball, j’ai vécu ce qu’il y avait à vivre et ce qui vient maintenant c’est du bonus.

Après ces championnats du monde il y a eu du changement au niveau du staff mais aussi certaines joueuses qui ont quitté le groupe, d’autres qui arrivent. Est-ce qu’il y a de gros changements au niveau de l’effectif ?
Dans les années à venir vois-tu l’équipe de France arrivé à un niveau encore supérieur ?
Alors il y a eu des changements au niveau de l’effectif mais beaucoup moins que ce qu’on aurait pu croire. Il y a beaucoup de joueuses qui avaient prévu d’arrêter, la moyenne d’âge est quand même assez élevée. Et puis finalement on est toujours contentes de se retrouver et on a toujours faim de performances. Beaucoup avaient remis en question, moi la première, la participation au prochain cycle et au final il n’y a pas beaucoup de changements. Mais ce nouveau groupe est très intéressant parce qu’il y a de nouvelles joueuses qui apportent vraiment de la qualité Floorball, un nouveau regard et une nouvelle façon de jouer. Je pense qu’avec l’apport de joueuses étrangères et de nouvelles bonnes joueuses, le groupe est potentiellement plus fort que les années d’avant, donc on a envie de croire que c’est possible de réitérer l’exploit.
Maintenant on a vu au dernier International de France que les équipes étrangères se renforcent aussi donc le défi est le même.
Dans quel état d’esprit l’équipe va aborder les matchs de qualifications à la fin du mois ? Le groupe semble relevé avec la Pologne, la Slovaquie et l’Italie qui est peut-être la seule équipe abordable. Y a-t-il de l’appréhension ou des doutes sur une potentielle qualification ?
Ce qu’on va avoir là dans quelques semaines, ça va être aussi dur, voir plus dur pour se qualifier. On a vu notamment que l’Italie, qui est de nouveau notre adversaire numéro 1, a un effectif bien plus fort que celui qu’on a affronté il y a deux ans. Si on a progressé, elles
aussi, donc difficile de dire si ça va être réitérer. Mais en tout cas c’est possible, aujourd’hui il y a un vrai potentiel et le nouveau staff est très compétent aussi, donc rien n’est impossible !
Je pense que s’il y avait quelques joueuses qui se disaient qu’on jouait un rôle un petit peu plus ou un petit peu moins d’outsider qu’avant, à la suite de notre participation à Singapour, je pense que l’international de France a remis tout le monde à sa place en se disant qu’on est toujours les outsiders et à priori pas censé se qualifier.
Mais on sait que et le chemin de la qualification passe impérativement par une victoire contre l’Italie, puis un succès contre le 3ème de l’autre groupe. La Pologne et la Slovaquie sont effectivement assez insaisissables on ne va pas se mentir, ce ne sont pas des équipes contre qui on a la capacité de gagner, même si on fera tout ce qu’on peut.
L’objectif pour être atteint passe par une victoire contre l’Italie, l’état d’esprit est bon, on sait que c’est possible et on y croit. Les pronostics ne sont pas forcément en notre faveur, ça ne se joue pas à grand-chose, on a clairement une carte à jouer pendant ces qualifications, au moins autant que la dernière fois.

C’est quoi la suite pour toi après ces matchs de qualifications, tu comptes arrêter le Floorball cette fois ci ?
Je vois vraiment au jour le jour, j’ai plus le même âge non plus, j’habite en montagne et le club le plus proche est à une heure de route, du coup c’est un vrai investissement que ce soit pour l’équipe de France ou le club. Quand je fais quelque chose j’aime bien le faire à fond et l’idéal c’est de s’entrainer 2 à 3 fois par semaines si je m’investis et ça fait énormément de route, donc j’ai envie de dire que si on ne se qualifie pas, le sujet reviendra sur le tapis. Mais si on se qualifie j’image que je continuerai jusqu’en décembre !
Je suis engagée dans le championnat du monde 3vs3 aussi avec les filles et je terminerais la saison avec les Dahuts jusqu’en juin.
Je suis passionnée de Floorball et si jamais j’arrête de jouer j’aimerais coacher mais ça prend aussi du temps à titre personnel et je suis dans une phase de ma vie où peut être il faut que je fasse passer les loisirs après le reste, donc question difficile. On verra à l’intersaison on va dire, quelle décision je prends.
Tu as déjà eu l’occasion de faire du Coaching, c’est peut-être une reconversion à temps plein ?
Oui c’est moins d’investissement physique, du coup ça va mieux avec l’âge c’est clair. Par contre c’est un vrai investissement en dehors des entrainements avec la préparation et ce qui va avec, c’est un vrai travail. Mais clairement c’est quelque chose qui peut m’intéresser. Ça me plait énormément le coaching, j’adore le leadership d’équipe, et le club de Sévrier est très dynamique avec pleins d’équipes à coacher, donc oui ça peut être un projet d’avenir.
Qu’en serait-il, peut-être un jour, de prendre en main l’équipe de France Féminine ?
Oui mais ce n’est pas du tout le même investissement, dans le sens où il y a beaucoup d’organisationnel, les week-ends il faut être là à 100%, mais c’est vrai qu’il n’y a pas d’entrainement à préparer. C’est utiliser un groupe et des compétences existantes pour en tirer le meilleur et j’adore l’idée de travailler avec un staff. Un jour il y a aura une opportunité intéressante, j’ai déjà coaché des filles et des garçons, c’est différent mais très intéressants, c’est ouvert on va dire !
Propos recueillis par Paul Perry, Pôle Communication de France Floorball, 10/01/2025.